Reproduire par la statuaire, oeuvre fixe, un homme qui marche : rien à voir avec ces photographies qui déconstruisent le mouvement. Fixer par le marbre ou le bronze l'abstrait qui nous aide à affronter le réel : l'idée, la pensée. Théâtraliser un groupe, sur une toile ou via le bronze, pour que la peinture ou la sculpture devienne narrative.
Et les modèles : ces nus qui déambulent librement dans l'atelier de Rodin. Et les ateliers eux-mêmes, ces trois lieux mystérieux et lui qui passe de l'un à l'autre.
Et ce qu'on trouve, à travailler sur deux mains, ou la courbure d'un corps.
Et le statut de l'artiste, le rapport au laid, le rapport à la poésie – même lorsqu'il s'agit d'aller mouler au plâtre le cadavre de Victor Hugo.
Rodin est un titan. Mais lorsqu'il est au restaurant avec Bourdelle et Despiau, c'est le rapin qui resurgit. Rien de plus têtu qu'un sculpteur. Ils savent leur discipline, et démonter un antique, ou Michel-Ange, ou ce qu'ils doivent à Houdon.
La façon dont s'y prend Paul Gsell, en 1912, pour pousser Rodin à cette simplicité à la fois dure et radicale en a fait un grand classique des livres d'art. Un artiste, c'est moins utile qu'un "usinier" ou un ingénieur ?
Pas une ligne ici qui ait pris une ride.
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